Par un dernier post publié sur son compte ainsi qu’une lettre adressée à ses abonnés, Transparency International France annonce qu’elle quitte le réseau social X et explique les raisons de sa décision.
Notre mission est de défendre la démocratie, pas de servir de caution à ceux qui en sapent les fondements.
Transparency International France annonce aujourd’hui la suspension de son compte sur le réseau social X (anciennement Twitter). Ce choix est fait en cohérence avec les valeurs que nous défendons en France depuis 30 ans : la transparence, le respect de l’État de droit et la promotion d’un débat démocratique éclairé. Nous ne pouvons plus cautionner par notre présence un réseau social qui est devenu l’avant-garde des discours de haine, de la désinformation, et qui nuit chaque jour davantage à la démocratie.
Twitter était autrefois une plateforme où nous pouvions partager nos valeurs et nos travaux, tout en sensibilisant les citoyens. Ce n’est plus le cas. Le réseau social est devenu un outil au service de la division et de la manipulation, contribuant ainsi au chaos et à la déstabilisation des sociétés. Notre mission est de défendre la démocratie, pas de servir de caution à ceux qui en sapent les fondements.
Depuis le rachat de X par Elon Musk en 2022, nous avons assisté à une explosion des contenus haineux et de la désinformation. Plusieurs études ont montré que les discours racistes, antisémites et homophobes ont atteint des niveaux inédits sur la plateforme. Dans ce climat délétère, les voix qui appellent à un débat éclairé – comme la nôtre – sont de plus en plus invisibilisées sur le réseau social.
La modération des contenus sur X est devenue quasiment inexistante ; au contraire, les discours haineux semblent être délibérément favorisés par le réseau social. Cette situation pose un problème fondamental pour l’État de droit : les plateformes numériques, devenues des places publiques modernes, se dérobent à leurs responsabilités.
En juillet de cette année, la Commission européenne a conclu, dans une évaluation préliminaire, que X avait enfreint les nouvelles règles sur les contenus numériques établies par le Digital Services Act (DSA), une législation à laquelle Transparency International a contribué pour renforcer la transparence et la responsabilité des grandes plateformes en ligne. La Commission a constaté que les politiques de X
facilitaient la diffusion de contenus malveillants et permettaient à des acteurs de tromper les utilisateurs.
La fin de la gratuité de l’API de X, l’interface de programmation qui permet de connecter des logiciels afin qu’ils s’’échangent des données, entravent également le travail des chercheurs sur les activités du réseau.
Pour Transparency International France l’espace public numérique est un pilier essentiel de la liberté d’expression dans les démocraties modernes. Mais lorsque cet espace est pollué par des manipulations massives, des fake news et des discours de haine, il se transforme en une menace pour nos sociétés.
A l’heure où la démocratie est attaquée sur tous les fronts, il est crucial de construire des espaces numériques qui servent l’intérêt général, et non des intérêts privés ou idéologiques. Transparency International France continuera à être présent sur des plateformes où les valeurs de respect et de vérité sont défendues, et où notre voix peut réellement porter.
Pour prévenir le risque d’usurpation d’identité, le compte X de Transparency International France restera actif sur la plateforme. Mais nous ne publierons plus de contenus à partir du 29 novembre 2024 à minuit.
Non. Chaque section nationale du mouvement de Transparency International est indépendante dans ses prises de position. Mais cette décision s’inscrit dans une réflexion globale au sein du mouvement. Ainsi plusieurs bureaux comme Transparency Europe ont déjà quitté X.
Transparency International France continuera à être présent sur Facebook, TiKToK, Linkedin et BlueSky. Ces réseaux soulèvent également des questions, mais aucun n’a, à ce jour, atteint un niveau de désinformation aussi préoccupant que X. Nous restons présents sur ces réseaux sociaux, car nous devons promouvoir notre travail et continuer d’informer les citoyens sur la lutte contre la corruption. Nous serons vigilants à ce que ces plateformes sachent faire la balance entre la liberté d’expression et la préservation du contrat social.
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