Malgré l’échec du plan du président Macron aux élections législatives et la crise politique survenue devant l’impossibilité de dégager une majorité stable afin de constituer le nouveau gouvernement, la diplomatie française ne pouvait rester inactive face à la situation politique internationale tendue qui exige des actions proactives pour défendre les intérêts nationaux. Le président de la République, sans doute avec l’approbation du nouveau Premier ministre Michel Barnier, sans attendre la composition du nouveau gouvernement, a missionné le Ministre des Affaires étrangères du gouvernement démissionnaire de Gabriel Attal, Stéphane Séjourné, pour une visite inattendue de trois pays : l’Arménie, la Grèce, puis la Moldavie. Pourquoi précisément ces trois pays, et à commencer par l’Arménie ?
Avant son départ, Stéphane Séjourné a précisé, dans une déclaration, l’objectif de son déplacement, les deux thèmes majeurs qui seront abordés étant la paix européenne et les responsabilités de la France sur la scène politique internationale : « La diplomatie française s’engage avec ces trois partenaires en faveur de la paix, de la souveraineté en Europe et pour l’Europe…». L’Arménie et la Moldavie ont choisi la démocratie, l’indépendance et la voie de l’Europe, elles sont confrontées à des tentatives de déstabilisation et à des pressions inacceptables.
En effet, après la visite de Poutine à Bakou, les pressions russes et azéries sur l’Arménie se sont intensifiées, notamment en ce qui concerne l’article 9 de l’accord de cessez-le-feu du 9 novembre, et plus précisément au sujet de l’exploitation du « corridor de Zanguezour » sous contrôle russe. Pour la première fois, ce plan russo-azéri s’est heurté à une opposition frontale de la part de l’Iran. Pour la première fois, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a annoncé que la Russie prendrait en considération les objections de l’Iran.
La visite du ministre français des Affaires étrangères s’inscrit, au fond, dans un contexte dont l’objectif principal est d’acter la présence de la France et celle de l’Europe face aux pressions déstabilisatrices russo-azéries contre l’Arménie afin d’éradiquer les leviers d’influence russe et de ne pas laisser l’Iran dominer le jeu sur le terrain.
La politique anti-française d’Aliev est l’autre thème majeur de cette visite. Cette politique s’est manifestée sous la forme du soutien aux indépendantistes kanaks et corses ainsi que de la dénonciation du passé colonial français, ainsi qu’à travers l’accusation portée contre la France d’armer l’Arménie afin de provoquer une guerre contre l’Azerbaïdjan.
L’opposition française et aussi iranienne aux plans russo-azerbaïdjanais, bien qu’il s’agisse d’initiatives distinctes, constituent des appuis forts et importants pour l’agenda de paix du gouvernement arménien.
Et le ministre Séjourné n’a pas manqué de rappeler à Bakou de l’urgence de sceller la paix, lors de la conférence de presse à Erevan : « Alors que l’Azerbaïdjan accueillera bientôt la conférence COP29, il est du devoir de Bakou de montrer qu’il recherche réellement la paix avant la COP29. Je pense que nous devrions pouvoir avancer dans cette direction très rapidement. »
J. Tch.
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