La Nouvelle-Calédonie est en proie à de violentes émeutes depuis lundi 13 mai en raison d’une réforme constitutionnelle du corps électoral du scrutin provincial de l’archipel.
Cinq personnes sont décédées, dont deux gendarmes. Des centaines de personnes ont aussi été blessées, dont une centaine de policiers et gendarmes, fait savoir le ministre français de l’Intérieur.
L’état d’urgence a été décrété. Il est entré en vigueur mercredi dès 20 heures, a annoncé le gouvernement.
Le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin a accusé jeudi 16 mai l’Azerbaïdjan d’ingérence en Nouvelle-Calédonie, alors que l’archipel est en proie à des émeutes inédites depuis 1988.
Comme on lui demandait si ce pays, prorusse, ainsi que la Russie et la Chine faisaient de l’ingérence en Nouvelle-Calédonie, le ministre a répondu sur France 2 : «Sur l’Azerbaïdjan, ce n’est pas un fantasme, c’est une réalité», en regrettant «qu’une partie des indépendantistes calédoniens aient fait un deal avec l’Azerbaïdjan».
La polémique monte sur l’influence de l’Azerbaïdjan depuis la signature en avril d’un mémorandum de coopération entre le Congrès de Nouvelle-Calédonie et l’Assemblée nationale de l’Azerbaïdjan.
L’Azerbaïdjan, qui reproche à Paris son soutien à l’Arménie, avait déjà convié à Bakou en juillet 2023 les indépendantistes de Martinique, Guyane, de Nouvelle-Calédonie et de Polynésie française.
De cette conférence était né le «Groupe d’initiative de Bakou» qui vise à soutenir «les mouvements de libération et anticolonialistes français».
Dans une déclaration publiée mardi en français par l’Azertac, l’agence d’information d’Etat de l’Azerbaïdjan, le Groupe d’initiative de Bakou a ainsi condamné «l’arrestation des Kanaks et les actes de violence des autorités françaises contre les civils en Nouvelle-Calédonie».
Dans un communiqué publié sur le site du ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères, Bakou a dénoncé les accusations d’ingérence “infondées” émises par la France s’agissant des émeutes en Nouvelle-Calédonie.
“Nous rejetons totalement les accusations infondées du ministre français” de l’Intérieur Gérald Darmanin, a déclaré la diplomatie azerbaïdjanaise. “Nous démentons tout lien entre les leaders de la lutte pour la liberté calédonienne et l’Azerbaïdjan”, a-t-elle ajouté.
L’Azerbaïdjan exige des excuses de la France pour ces “déclarations insultantes”.
La situation a trouvé l’écho également dans la presse russe, qui reconnaît l’implication de l’Azerbaïdjan en Nouvelle-Calédonie. “Non seulement Bakou a décidé de mener une lutte mondiale contre le néocolonialisme, mais, pour l’Azerbaïdjan, Paris symbolise avant tout le soutien occidental à l’Arménie”, avance le journal Novy Vzgliad, avec une certaine “naïveté” en ce qui concerne la “lutte mondiale menée par Bakou contre néocolonialisme”.
“Certains esprits exaltés tentent de dénicher “la main de Moscou” derrière ces événements et l’implication de l’Azerbaïdjan, mais tout cela relève d’une pure théorie du complot. Si Bakou poursuit une campagne internationale anti-française, c’est de sa seule initiative”, indique l’hebdomadaire russe.
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