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En Artsakh, l’asservissement ou la déportation 

Alors que les Européens sont préoccupés par l’arrivée massive des immigrants sur l’île de Lampadusa, l’Azerbaïdjan a lancé une attaque à grande échelle, qui a pour but de chasser les Arméniens d’Artsakh. Leurs terres ancestrales. Sous prétexte d’opérations antiterroristes, des bombardements à l’arme lourde, et même des frappes d’aviation sont opérées tout au long de la frontière de l’Artsakh, ainsi que des bombardements sur la capitale Stepanakert et des communautés dans d’autres régions de l’Artsakh. Il y a des morts et des blessés, parmi lesquels des enfants. Le plan d’anéantissement par la famine a été suivi par l’agression militaire afin d’expulser la population de son berceau sous la menace de mort. Le ministère azerbaïdjanais de la Défense a annoncé avoir ouvert un couloir humanitaire dans le corridor de Latchine pour les personnes souhaitant quitter le théâtre de la guerre. Cette déclaration elle-même est un fait révélateur de l’objectif principal poursuivi par l’Azerbaïdjan. 

Hikmet Hadjiev, le conseiller du président azéri, a, à son tour, déclaré plus directement que les actions ne s’arrêteront pas tant que l’armée d’Artsakh ne sera pas dissoute. Le blocus de l’Artsakh qui dure depuis neuf mois a déjà grandement porté atteinte à la santé de la population. Et ces deux dernières semaines, les accumulations des armées sur la frontière ont signifié l’imminence d’une attaque. La joie de voir l’entrée des camions humanitaires en Artsakh par l’intermédiaire de l’organisation de la Croix-Rouge internationale en direction de Latchine et d’Aghdam n’a duré qu’un jour. Le lendemain, l’attaque azérie a commencé. 

Y avait-il des moyens d’éviter une attaque de cette dimension ? Certes, l’accord de cessez-le-feu du 9 novembre 2020 prévoit un centre de surveillance de la situation sur la ligne de contact, un bureau militaire conjoint russo-turc. Les troupes russes de maintien de la paix sont les garantes du maintien de la paix à la frontière de l’Artsakh. Mais le ministère des Affaires étrangères de la Russie a diffusé plusieurs déclarations qui renient leurs responsabilités, dont celle que les troupes russes de maintien de la paix avaient été averties cinq minutes avant le début des opérations militaires par la partie azérie. En d’autres termes, le Centre de surveillance du maintien de la paix sur la ligne de contact n’a pas fait son travail. Rappelons néanmoins que les troupes russes n’ont pas le droit d’utiliser des armes tant que leur vie n’est pas en danger. Ce sont les ordres. De même, le porte-parole de Poutine, Dimitri Peskov, a déclaré que la priorité de la Russie était la sécurité des soldats de maintien de la paix russes. Enfin, la Russie a déclaré qu’elle s’efforce de ramener les belligérants à la table des négociations pour un règlement par la diplomatie… 

Les relations entre l’Arménie et la Russie se sont récemment détériorées. La Russie est contrariée par les critiques répétées faites par le gouvernement arménien à son adresse, selon lesquelles elle n’assume pas ses responsabilités d’alliée stratégique de l’Arménie, n’assume pas son rôle de garant du maintien de la paix en Artsakh. Et ces relations vont en se détériorant, ce qui fait que la partie russe n’a même pas pris la peine d’informer le Premier ministre arménien du début de l’attaque. 

Sur le plan international, la condamnation la plus ferme est venue de la France, qui a, en outre, annoncé qu’elle demanderait une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU. 

Naturellement, l’attaque contre l’Artsakh a également suscité une grande inquiétude à Erevan. Les citoyens préoccupés par le sort de leurs compatriotes artsakhiotes se sont rassemblés devant le siège du gouvernement, exigeant que les autorités arméniennes ouvrent le couloir de Latchine avec des moyens militaires. Certains ont même appelé directement au renversement du gouvernement de Pachinian. Les élections municipales de la capitale Erevan se sont à peine achevées sans créer une situation déstabilisante pour l’équilibre politique interne du pays que, à la veille de la fête d’indépendance, certaines forces d’opposition radicales n’hésitent pas à perturber la stabilité politique du pays au nom de la défense de l’Artsakh.

J. Tch.