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GRIGNOTAGES – Les appétits sans fin d’Aliev

 Tahir Mirkichili est député, Président de la Commission de politique économique, de l’industrie et de l’entrepreneuriat du Parlement azerbaïdjanais, représentant de son pays auprès de l’OSCE et de l’assemblée parlementaire « Euronest » (1). Il est également membre d’une douzaine de groupes d’amitiés parlementaires. Économiste de formation, issu de l’Université d’État d’économie de Bakou, il a ensuite parfait ses études à Oxford. La consultation de ses comptes « Twitter » et « Facebook » ne laisse aucun doute sur ses convictions et son engagement dans les instances internationales au service des plans de conquête du dictateur de Bakou.

Le 25 juillet dernier, T. Mirkichili a publié sur sa page « Facebook » un court texte qui vient contredire les dernières déclarations d’Aliev concernant l’absence de revendications de sa part sur le territoire souverain de l’Arménie. Mais il est vrai que nous ne sommes plus à un mensonge près de la part de ce personnage. On se souviendra en particulier de ses propos contradictoires alors qu’après avoir promis à plusieurs reprises un statut d’autonomie maximale, puis culturelle, aux Arméniens du Haut Karabakh (2), il affirme avec force depuis le 9 novembre 2020 qu’il ne saurait y avoir de statut particulier pour le Haut-Karabakh et sa population arménienne.

Le texte de Tahir Mirkichili  concerne le village de Nüvedi de la région de Meghri. Il est très éclairant sur l’idéologie qui prédomine en Azerbaïdjan :
« Ce village qui appartenait au district de Zanguilan jusqu’en 1929 a été donné à la République Socialiste Soviétique d’Arménie en 1929.  En 1991, toute la population azerbaïdjanaise du village de Nüvedi au Zanguezour a été déportée. Cette photo [aérienne] a été prise cette année. Si vous l’observez bien, toutes les maisons du village ont été détruites, démolies et pillées. Nous sommes confrontés à la même situation que dans nos territoires libérés [régions occupées de l’Artsakh]. Cela signifie que peu importe où ils se trouvent, piller et détruire les biens des Azerbaïdjanais est une façon de penser et un mode de vie de ces gens [des Arméniens] …  Il ne faut jamais l’oublier et ne jamais être faible ! Notre bien-être, notre développement ne dépendent que de notre force, même si cela nous demande de nombreux sacrifices. »

Dès le lendemain, sur le site « Yeni Musavat », Alguich Hasanoglu, rédacteur-en-chef du journal « Yeni Azerbaïdjan », originaire de ce même village de Nüvedi, reprenait dans les mêmes termes ces assertions. Il écrivait : « Au milieu de la verdure, c’est notre maison. Nous croyons qu’un jour nos compatriotes qui ont été bannis de l’Azerbaïdjan occidental retourneront dans leur patrie et reconstruiront leurs maisons détruites par les vandales arméniens. » 

On le voit, les Azéris ont assurément de la suite dans les idées et ne laissent jamais rien au hasard.

Pour preuve, en juin 2021, Amir Aliev, un juriste dont la famille serait originaire de ce village, avait déjà déclaré à l’agence azerbaidjanaise « Trend » : « Nüvedi est une terre azerbaïdjanaise historique … Le village a été illégalement transféré à l’Arménie… Les habitants autochtones [les Azéris] du village veulent vivre en paix avec les Arméniens … Jusqu’en 1991, aucun Arménien ne vivait dans le village. Maintenant, les Arméniens vivent là-bas, mais cela ne nous dérange pas et nous pouvons vivre avec eux. »

Il déclarait également : « Il existe de nombreux monuments historiques et culturels anciens dans le village de Nüvedi  … les Arméniens les ont détruits (3).

Dans notre appel, nous avons souligné que ces monuments historiques et culturels appartenant au peuple azerbaïdjanais doivent être restaurés … Nous avons écrit à ce sujet dans un appel aux organisations internationales. » 

Amir Aliev évoquait ensuite avec force de détails le contenu de cet appel : « Dans le but de garantir le droit au retour sur nos terres natales, la population du village [Nüvedi] a adressé un appel au Secrétaire général des Nations Unies, au Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, au chef du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, au Haut-Commissaire des Nations Unies aux réfugiés, au Président de l’Organisation de la coopération islamique, à l’actuel président de l’OSCE, au Secrétaire général du Conseil de l’Europe, au Président de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, aux Directeurs généraux de l’UNESCO et de l’ICESCO pour leur demander de nous accorder la possibilité de revenir vivre dans notre village natal. Nous croyons que nous réaliserons ce rêve … Les habitants de Nüvedi, issus des traditions multiculturelles et tolérantes du peuple azerbaïdjanais ont affirmé leur volonté de coexister avec les citoyens arméniens. »

Il précisait que cet appel avait été signé par les représentants de 452 familles du village. Un bref historique de la situation avait été joint au texte de l’appel : « Le village a été transféré au district de Meghri de la République socialiste soviétique d’Arménie par une décision illégale prise le 18 février 1929, lors d’une réunion du Présidium du Comité central du Conseil des ouvriers, paysans et soldats de la République socialiste soviétique fédérative de Transcaucasie. » Nulle nouvelle des réponses des institutions  internationales et de leurs responsables depuis cette date. Mais dans tous les cas, les Azéris, eux, se tiennent prêts et ne manqueront aucune occasion pour grignoter un peu plus de territoire arménien.

De ce fait, cette revendication ne constitue malheureusement pas un cas isolé. 

Encouragé par le grand silence de la « communauté internationale » et de la Russie, l’Azerbaïdjan qui n’a manifestement aucune intention de signer un traité de paix, ne cesse de s’enhardir et de tenter d’imposer à l’Arménie une série de conditions inacceptables, dont la revendication sur les enclaves « existantes » et sur d’autres récemment « conquises » (4).

Il faut le rappeler sans relâche : l’Azerbaïdjan est un état nécrophage qui s’est construit, et qui continue de le faire, sur les dépouilles de nombreux autres peuples.  

Son Président-dictateur n’a d’autre perspective pour son pays et pour la région que la guerre comme il le déclarait d’ailleurs récemment et ses appétits sont sans fin.

Sahak SUKIASYAN

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(1) Où l’Azerbaïdjan avait été suspendu en même temps que la Biélorussie en 2020

(2) Interviews à « Euronews » du 23 juin 2011 et à « Challenge » du 22 octobre 2020.

(3) On notera qu’à ce jour, aucun de ces fameux monuments azéris prétendument détruits par les Arméniens n’a été attesté.

(4) En particulier la zone de « Sev lidj ».

Éditorial