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IN MEMORIAM – Dr. Gérard Sabountchian

Ci-après le texte que Hraïr Heratchian a prévu de lire lors des obsèques de son regretté cousin Dr. Gérard Sabountchian, qui auront lieu le vendredi, 18 août, à 14h30 en l’église Saint Jean-Baptiste de Paris.  

Mon cher Jiraïr,

Quel pied de nez nous fais-tu là !

A peine six mois après le décès de Lydie, ta petite sœur comme tu l’appelais affectueusement alors qu’elle était ton aînée, tu nous abandonnes à ton tour nous laissant comme orphelin. Toi, le pilier de la famille, tu pars sans crier gare.

Malgré la maladie qui avait commencé à te ronger, tu avais quand même fait l’effort de venir le 20 mai à mon anniversaire puis, quelques semaines plus tard, à celui de ma petite fille Eline. Ton courage, alors que tu avais déjà des difficultés à marcher, nous avait tous émus.

Ta vie a été entièrement consacrée à ton métier que tu aimais tant. Tous tes patients t’appréciaient pour ta gentillesse et ton professionnalisme. Toi, de ton côté, tu ne manquais jamais de venir en aide bénévolement à tous ceux qui, souvent venus d’Arménie et échoués sur les trottoirs parisiens, avaient besoin de tes soins.
Ton travail oui, mais aussi et surtout ta famille que tu vénérais, d’abord tes parents puis ta sœur Lydie à laquelle tu étais si attachée qui te secondait et t’assistait.

Tu m’as dit une fois « J’ai réussi ma carrière professionnelle mais ai raté ma vie sentimentale » Oui, tu étais membre de l’Académie dentaire, c’était ta fierté, mais je pense qu’il n’aurait pas dû y avoir que ça dans une vie. Cela a cependant été ton choix et on l’a respecté.

Repose en paix auprès de tous les tiens que tu chérissais tant.

Asdvadz hokit loussavoré, sireli Jiraïr.

Hraïr HERATCHIAN

*  *  *

En mémoire du Dr. Gérard Sabountchian

Dans nos milieux communautaires arméniens, la publication des « grandes nécrologies » est généralement réservée aux personnalités connues de toute la nation, de la communauté diasporique d’un pays, ou d’une ville donnée.

Cependant, il y a des visages moins connus qui, sans faire officiellement partie de ces cercles, sont pleinement dignes du même honneur, au moins pour ceux qui ont eu la chance de les connaître. Notre « dentiste préféré », le Dr. Gérard Sabountchian dont le décès a été annoncé récemment était de ceux-là.

Il est décédé le 5 août dans un hôpital parisien, au terme d’une courte maladie.

 Le cabinet dentaire du Dr. Sabountchian était situé dans le 9ème arrondissement de la capitale, à quelques pas de la Maison de la culture arménienne, à l’angle d’une petite rue perpendiculaire à la rue Bleue. Ce lieu semblait  être un des derniers témoins  de cet ancien « Quartier arménien ». De nombreux Arméniens y ont vécu, travaillé, ou passaient simplement par là. Tous, un jour ou l’autre, finissaient par « tomber entre les mains » du Dr. Sabountchian pour lui confier leur dentition. « Tomber entre ses mains ». L’expression était en fait de lui … Pris d’un mal de dents indicible, après avoir gravi les escaliers de bois jusqu’au deuxième étage de cet ancien mais élégant immeuble parisien, vous parveniez enfin à l’antre de votre « sauveur ». Vous y étiez accueilli par Lydie, la sœur du Dr. Gérard, qui fut littéralement tout pour lui, devenant même sa secrétaire après de nombreuses et fécondes années passées  au service de l’Éducation. Elle vous conduisait à la salle d’attente. Lorsque votre tour était arrivé et que vous pénétriez dans la salle de soins, le Dr. Gérard aimait vous saluer en se frottant les mains, en gesticulant comme un animal fasciné par sa proie, en proclamant : « vous êtes tombé entre mes mains ». Conscient que personne au monde n’aime aller chez le dentiste, il tentait ainsi de « détendre un peu l’atmosphère ». Il ne pouvait en être autrement car l’humour – au même titre que ses nombreuses autres qualités – était une part indissociable de sa personnalité. Au cours du traitement, entre deux actes, il alternait les sujets culturels ou technologiques qui le passionnaient particulièrement, glissait une plaisanterie, jusqu‘à ce que ce que vos tourments prennent fin et qu’il vous demande de voir sa secrétaire, sa sœur,  pour obtenir la date de votre prochain rendez-vous. La plupart de mes visites ont coïncidé avec la période où les rumeurs autour de la fermeture du quotidien « Haratch » – où je travaillais – devenaient de plus en plus palpables jour après jour. A chacune de mes visites, Gérard évoquait inévitablement cette question, exprimait son regret et, sans en connaître toutes les arguties, mais mu par de bons sentiments souvent irréalistes, peu pratiques, mais néanmoins intéressants, il avançait des solutions. Il est évident qu’il était sincère dans ses inquiétudes et ses préconisations. Cet homme au corps de géant était doté d’un cœur d’or qui semblait avoir été programmé pour ne jamais dire « non ». Accessible à tous, il essayait d’apaiser les maux de chacun.  J’ai souvent entendu dire par d’autres qu’il avait soigné avec bienveillance de nombreuses personnalités de la communauté et de nombreux compatriotes démunis, des réfugiés arméniens parvenus sur le sol de France. Le regretté a également servi le service dentaire de l’hôpital Sainte-Anne durant 40 longues années. De la personnalité du Dr. Gérard,  la caractéristique qui m’a le plus impressionné était son humanisme et j’ai choisi à travers ces quelques lignes de me concentrer sur cet aspect de sa personnalité.  Mais il a également eu de multiples activités communautaires, en particulier en occupant  de 1982 à 1990 le poste de  trésorier de l’Union Médicale Arménienne de France (UMAF). Aujourd’hui, notre Dr. Gérard nous quitte à son tour pour rejoindre son inséparable sœur décédée il y a à peine six mois. Que votre bon souvenir demeure à jamais, chers Jirayr et Lydie.

Haroutun Gobelian

Traduction : Sahak Sukiasyan

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