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Arménie : de la nécessité du conflit d’intérêts Russie-Occident

Le 18 décembre, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Galuzin a déclaré aux journalistes qu’il était possible de surmonter les difficultés des relations inter-étatiques entre la Russie et l’Arménie et d’améliorer les relations entre les deux pays.

Pour la première fois, un haut responsable russe reconnaît l’existence de difficultés dans les relations russo-arméniennes et évoque la possibilité de les améliorer. Jusqu’à présent, la Russie ne daignait pas admettre qu’il y avait des difficultés. Elle parlait toujours de ses relations avec l’Arménie depuis une position impériale et dominante. Même avec la démission de ses responsabilités en tant qu’allié stratégique, elle accuse les autorités arméniennes d’avoir une attitude hostile envers la Russie et d’être soumises aux forces obscures de l’Occident et de Soros. Le cas de la perte de l’Artsakh constitue l’exemple le plus frappant d’une responsabilité entièrement imputée aux autorités arméniennes. Et certains hauts responsables russes ont même appelé en faveur du renversement du Premier ministre Pachinian.

Le fait que la Russie ait laissé l’Artsakh sans défense a eu des conséquences plus graves auprès de la population arménienne et surtout chez les Artsakhiotes, qui ont nourri une antipathie, et même une hostilité envers Poutine, ce qui est un phénomène nouveau. Si ce processus se poursuit, il pourrait conduire dans les années à venir au retrait des forces militaires russes stationnées en Arménie. Ce qui est le principal objectif à long terme, bien sûr, des États-Unis et de l’Occident. Mais est-ce que cette solution serait vraiment bénéfique pour l’Arménie ?

Au début, les autorités arméniennes ont montré une opposition très prudente à la Russie, puis elles ont exprimé leur position avec plus d’assurance et ont contré les accusations des autorités russes, et interdisant même l’entrée de certains haut responsables en Arménie.

Le non-respect par la Russie de ses obligations d’allié envers l’Arménie a amené ce dernier à rechercher de nouveaux alliés stratégiques. À ce jour, aucun pays ne semble prêt à assurer sa sécurité en cas d’attaque militaire azérie. Même l’Occident ne sera d’aucun secours, comme il n’a pas levé le petit doigt lors de la guerre de 2020 et celle de septembre 2023, lors du nettoyage ethnique de l’Artsakh.

La position ambiguë de l’Occident est devenue plus claire récemment lorsque l’Azerbaïdjan a libéré 32 prisonniers de guerre arméniens, résultat de négociations directes entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. L’Occident a salué le « dialogue » direct et l’expression de la bonne volonté des deux pays. Du point de vue du droit international et des relations internationales, l’Azerbaïdjan s’était jusqu’alors tout simplement soustrait de ses engagements vis-à-vis des Occidentaux, car il avait rejeté les réunions de Bruxelles et celle du Washington, après avoir procédé au nettoyage ethnique en Artsakh. Entre-temps, il avait été condamné par la Cour internationale de justice, mais profitant de l’impuissance de l’Arménie, il a forcé l’échange de 32 prisonniers de guerre et a obtenu l’organisation de la conférence internationale COP29 à Bakou en 2024. L’Occident a approuvé cette solution injuste, il a oublié l’Artsakh et l’expulsion des 100.000 habitants de leurs terres natales…

Lors d’une rencontre, le géopolitologue Alexandre del Valle a exprimé une idée intéressante, affirmant que l’Empire ottoman a retardé sa chute en profitant du conflit d’intérêts de l’Angleterre, de la France et de la Russie. Aujourd’hui, l’Arménie se retrouve également au centre d’un conflit d’intérêts stratégiques entre la Russie, la Turquie, l’Iran, l’Inde, la Chine et de l’Occident. Des conditions favorables à sa survie, si les autorités arméniennes profitaient de cette opportunité. Pour cela, la présence de la Russie comme concurrent de l’Occident est nécessaire.

J. Tch.