De l’eau dans le gaz dans les relations entre Tel-Aviv et Bakou ?

Vahram Atanesyan – 1in.am – le 29 février 2024

Selon les informations de « Toplum TV » que d’autres sources azerbaïdjanaises n’ont pas à ce jour reprises, l’ambassade d’Israël à Bakou a organisé très tôt le matin du 29 février un exercice avec des tireurs d’élite et la participation d’employés du ministère de l’Intérieur de l’Azerbaïdjan ainsi que d’autres structures de pouvoir azerbaïdjanais, probablement le Service de sécurité de l’État. Qu’est-ce qui a poussé les autorités israéliennes à prendre cette mesure sans précédent ?

La semaine dernière, les médias azerbaïdjanais en exil avaient diffusé des informations selon lesquelles des dizaines de personnalités religieuses avaient été arrêtées à Bakou et dans plusieurs autres villes et régions du pays.

L’exercice des tireurs d’élite à la résidence de l’ambassadeur israélien est-il lié à l’arrestation de ces personnalités religieuses, ou bien l’État juif a-t-il simplement pris une mesure préventive ? Dans tous les cas, on a l’impression que « quelque chose cloche » désormais dans les relations israélo-azerbaïdjanaises. Eynulla Fatullayev, fondateur, propriétaire et rédacteur en chef du site pro-gouvernemental « Haqqin.az », a annoncé que l'Azerbaïdjan avait interrompu ses vols vers Israël depuis le début de l'année et qu'il avait dû se rendre à Tel Aviv en passant par Dubaï.
Dans quel but Fatullayev a-t-il été envoyé en Israël ? 
S'il ne s'agit que d'une question purement professionnelle liée à son métier de journaliste, pourquoi ne s'est-il pas rendu en Israël au lendemain de l'attaque des militants du Hamas, ou au plus fort des hostilités à Gaza ?  A en juger par le ton des impressions israéliennes de Fatullayev, Bakou considère peut-être que l'avenir de l'État juif est pour le moins « incertain ». 
Présentant ses rencontres avec plusieurs analystes israéliens, le propagandiste officiel de Bakou constate avec une évidente déception que la majorité de l'opinion publique ne considère pas l'Iran comme un « sponsor » du Hamas. On pourrait donc en conclure que l’initiative de l’attaque du Hamas en Israël serait plutôt attribuée à la Turquie. 
Fatullaev fait une brève allusion  à sa rencontre avec Joseph Chagall. Ce dernier est né à Bakou, il a été ambassadeur d'Israël en Biélorussie et  a été élu membre de la Knesset. Il est également l'un des principaux lobbyistes de l'Azerbaïdjan en Israël et est  à ce titre étroitement lié aux cercles politiques, aux experts et aux journalistes turcs. 
Mais pourquoi  alors y avait-il nécessité de missionner Fatullaev en Israël ?
Probablement du fait de la position de l'Azerbaïdjan sur le conflit israélo-palestinien qui affirme la reconnaissance d'une Palestine indépendante avec Jérusalem-Est pour capitale, ce qui a provoqué un certain « refroidissement » entre les deux pays. Ou du moins, entre le Premier ministre Netanyahu et Ilham Aliev. Bakou semble avoir du mal à comprendre la position de l’opinion publique israélienne. Du coup, même si les « sondages journalistiques» ne constituent pas une base suffisante pour tirer des conclusions définitives, du moins peuvent-ils aider à mieux appréhender la situation. 
Fatullayev a l’impression que l’idée qui prévalait jusque- là en Israël selon laquelle « l’Occident nous protégera » s’est érodée. Cela vaut peut-être la peine d’être pris en compte dans la mesure où il est également nécessaire de repenser la coopération stratégique avec Israël en Azerbaïdjan. D’autant plus que l’idée de l’attributions de la « responsabilité totale » des événements à l’Iran semble ne plus opérer. Au contraire, le propagandiste officiel de Bakou indique clairement qu'il voit d'autres forces soutenir le Hamas face à Israël…
Bien entendu, il est prématuré d’affirmer que les relations israélo-azerbaïdjanaises entrent dans une « ère glaciaire ». Mais il semble qu’au moins « il y ait de l’eau dans le gaz » entre le Premier ministre Netanyahu et Ilham Aliyev. 
Pourquoi ce « désamour » ? 
Aliev s'est autoproclamé « leader de la lutte contre l'islamophobie » et Netanyahu exclut de reconnaitre une Palestine indépendante. La position de Netanyahu doit-elle est considérée comme de l’islamophobie ou la garantie de l’existence de l’État juif ?

Traduction : Sahak Sukiasyan

Éditorial