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OPINION – Pour une Diaspora performante

Une Diaspora est d’autant plus utile que la situation d’une Nation est menacée. C’est bien le cas de la Nation Arménienne et ce tant en ce qui concerne la République d’Arménie que la Diaspora.

Au moment où l’Azerbaïdjan et la Turquie exécutent leurs menaces contre la République d’Arménie et les Arméniens d’Artsakh, au moment où la politique arménienne subit les conséquences de la politique du voisin russe qui oriente celle-ci en fonction de ses seuls intérêts, la Diaspora n’a pas le droit d’être indifférente.

Cette indifférence la rend de plus en plus dispersée et l’affaiblira davantage.  

Il est donc indispensable d’une part de structurer la(es) diaspora(s) et d’autre part d’organiser les liens avec l’Arménie. Il est urgent de le faire afin de sauver l’essentiel, à savoir la souveraineté, l’indépendance de l’Arménie que l’Azerbaïdjan appelle, non sans arrière-pensée Azerbaïdjan occidental, le tout sous le regard intéressé de la Turquie qui nourrit toujours son rêve territorial panturquiste. 

Une Diaspora efficacement structurée doit être en mesure de répondre aux défis communs mais il est nécessaire que l’Arménie, à son tour, exprime plus précisément ses besoins et les priorités pour la défense des intérêts de la Nation arménienne. 

Eu égard aux menaces qui pèsent sur elle, l’Arménie devrait tirer un meilleur parti de l’importance et de la répartition géographique de sa Diaspora qui, elle aussi, a été la cible de ces menaces à plusieurs reprises et la vigilance élevée doit être maintenue. Pour y parvenir chacun doit y mettre davantage de confiance, d’humilité et de persévérance malgré la complication que l’environnement politique tant de l’Arménie que des pays de la Diaspora peut être instable.

La première étape consiste bien évidemment à définir ensemble une stratégie et un plan d’action. Le Sommet Global de la Diaspora organisé à Erevan à l’automne 2022 aurait dû servir de base à cette première étape ; peut-être n’est-il pas trop tard ! 

La deuxième étape consiste à définir le cadre institutionnel dans lequel cette stratégie et ce plan d’action peuvent évoluer dans le temps, ce qui revient à poser la question des modalités d’intervention de représentants de la Diaspora dans le débat politique de la République d’Arménie, sujet dont on ne pourra pas faire l’économie, tôt ou tard. Cela ne signifie pas que l’Arménie et la Diaspora doivent défendre une même ligne sur tous les sujets, mais cela signifie qu’il convient de se mettre d’accord sur la manière de gérer les divergences, voire d’organiser les divergences pour le cas par exemple où la realpolitik ou tout simplement les règles de la diplomatie, interdiraient à l’Arménie de soutenir telle ou telle position alors que la Diaspora n’aurait pas les mêmes limitations. La reconnaissance du génocide et reconnaissance de l’Artsakh par le législatif français est certainement l’exemple le plus emblématique.

L’utilité de la Diaspora ne s’arrête pas là. Sa dispersion géographique est à la fois une force et une faiblesse qui pourrait être transformée en un véritable outil de lobbying politique international. La force de cette dispersion réside dans le fait que les messages de la Diaspora peuvent atteindre un très grand nombre de pays et de gouvernements. Sa faiblesse réside dans l’insuffisance de ses moyens et le manque de cohérence dans ses actions. 

L’idée de formation d’un Congrès Mondial Arménien indépendant permettrait certainement non seulement de transformer ces faiblesses en forces, mais aussi de disposer d’un outil à même d’interpeller les organisations à l’échelle mondiale qu’elles soient politiques, humanitaires, économiques, culturelles, etc… avec un poids qui dépasserait de beaucoup celui de la seule République d’Arménie. Ce n’est pas de l’utopie, d’autres nations l’ont fait et réussi.

Dire que la Diaspora ne fait rien, serait une grave erreur. Mais admettons aussi qu’il reste beaucoup à faire : élaborer une stratégie de communication globale et encourager la diplomatie citoyenne restent encore des défis pertinents. 

Que nous soyons en accord ou en désaccord, nous avons l’opportunité de confronter nos idées et de dialoguer ouvertement ! C’est la raison pour laquelle je vous invite à participer à notre conférence-débat du 7 octobre 2023 pour débattre la situation géopolitique de l’Arménie d’une part et ses conséquences de la structuration de la Diaspora de l’autre. 

Certes, certains lecteurs pourraient penser qu’il y a trop d’articles, de conférences et de réunions et les actions doivent être menées concrètement. Il est crucial aussi de se rapprocher et se comprendre mieux pour mener l’action d’un seul bras-Diaspora unie et forte.

Un des alliés les plus sûrs, malgré des divergences constantes, pour l’Arménie, est, était et doit rester sa Diaspora avec toute sa diversité et ses couleurs. Ceci sera possible quand le « MOI » sera remplacé par le « NOUS ET NOTRE INTERÊT GÉNÉRAL ».

C’est à portée de main. 

Quand on veut, on peut.

Vaner HARUTYUNYAN

Directeur du Conseil Français-Arméniens