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ARTSAKH – Chasser les morts après avoir chassé les vivants, ou comment essayer de tuer l’âme d’un peuple

Artsakhpress – 05 décembre 2023

Afin d’effacer les traces historiques arméniennes dans les territoires occupés de l’Artsakh, l’Azerbaïdjan a détruit deux cimetières historiques à Chouchi à l’aide d’équipements spéciaux entre le 5 octobre et le 3 novembre 2023.

Une nouvelle fois, la destruction des tombes a été établie par « Caucasus Heritage Watch » à l’aide des données obtenues grâce à la surveillance par satellite. L’organisme de veille déclare à cette occasion : « A l’aide d’équipements lourds, les Azerbaïdjanais ont ouvert une route à travers le cimetière historique de Chouchi  connu sous le nom de Cimetière de la Porte d’Erevan. »

Il s’agissait d’un cimetière mixte arméno-russe situé près du cantonnement du 6ème régiment impérial de garde-frontières. D’après les inscriptions, les pierres tombales dataient d’une période allant de 1843 à 1915. Les plus anciennes appartenaient à des Russes et portaient des inscriptions en langue russe. Ces pierres tombales constituaient de véritables chefs-d’œuvre. Il s’agissait de monuments en plusieurs parties atteignant souvent 3 mètres de haut, autrefois couronnés d’une croix ailée.

Précédemment, « Caucasus Heritage Watch » avait déjà confirmé la destruction d’un autre ancien cimetière à Chouchi, destruction à la suite de laquelle les pierres tombales déjà partiellement endommagées par la population azerbaïdjanaise de Chouchi pendant les années soviétiques ont été emportées vers une destination inconnue.

Dans les années 1990, il ne restait plus que 45 pierres tombales dans le cimetière qui avait été gravement endommagé pendant la période soviétique. L’une de ces pierres tombales commémore la mort en 1758 du forgeron Sdépan originaire du village de Ghazanchi au Nakhitchevan. Il était l’un des nombreux Arméniens déplacés de force de ce village qui a donné son nom au quartier et  à l’église du Saint-Sauveur de Tous à Chouchi.

La mission en Artsakh de l’Institut d’archéologie de l’Académie nationale des sciences de la République d’Arménie (H. Petrosyan, V. Safaryan, T. Vardanesova, N. Yengibaryan, M. Titanyan) a mené en 2004-2005 des recherches archéologiques dans le ville de Chouchi et ses environs. Lors des fouilles d’un autre ancien cimetière arménien-grec [orthodoxe] à Chouchi, on a établi la présence de khachkars des XIIe-XIIIe siècles, ce qui prouve que le plateau de Chouchi était habité dès cette période. Plus tard, au XIXe siècle, ces khachkars ont été réutilisés pour de nouvelles sépultures. Les pierres tombales portant des inscriptions arméniennes découvertes lors du nettoyage de l’ancienne nécropole de la ville sont très importantes.

Il est évident que la destruction des cimetières historiques dans les territoires occupés découle d’une volonté claire l’Azerbaïdjan et d’un plan plus vaste. Au paravent, ce sont les cimetières de Medz Tagher, Sghnakh, du nord de Chouchi, des Portes d’Erevan ainsi que le cimetière près du village de Vazkenachen qui avaient été détruits.

Grâce à la décision de la Cour internationale de Justice de La Haye du 7 décembre 2021, la destruction des églises arméniennes est  « L’Azerbaïdjan est tenu de prendre toutes les mesures nécessaires pour prévenir et punir les actes de vandalisme et de profanation commis contre le patrimoine culturel arménien » (Cour internationale de Justice, Application de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale – Arménie contre Azerbaïdjan – 7 décembre 2021, n° 2021/34).

Il nous faut également ajouter que les dommages causés au patrimoine culturel de chaque nation constituent un coup porté au patrimoine culturel de l’humanité toute entière car chaque nation apporte sa contribution à la diversité culturelle mondiale.

Selon l’article 4 de la « Convention de La Haye de 1954 pour la protection des biens culturels en temps de conflit armé », tout acte de vandalisme, de vol, de vol qualifié, de détournement, d’hostilités et de représailles contre le patrimoine culturel est interdit. Selon le « Premier Protocole de La Haye » de 1954, il est interdit de détruire des valeurs culturelles ou religieuses dans des territoires occupés.

Toute politique de destruction organisée du patrimoine culturel est également condamnée par la « Déclaration de l’UNESCO de 2003 sur la destruction délibérée du patrimoine culturel »

Quelques mots du traducteur

On peut le constater chaque jour, le grand khan génocidaire de l’Azerbaïdjan ne connait aucune limite. Il n’est visiblement impressionné par personne et met toute son énergie et tous ses moyens en action pour éliminer jusqu’au dernier arménien, y compris les morts.

En septembre dernier, l’Etat qui se fait appeler « Azerbaïdjan » était entré dans le livre des records dans la rubrique « Génocide » en réalisant en 48 heures la plus radicale des épurations ethniques de la période contemporaine. Aujourd’hui, il tente de parachever son entreprise en tuant les âmes de ceux qui sont enterrés en Artsakh. Mais si Aliev semble avoir surpassé ses maitres turcs dans la rapidité et la radicalité de son labeur criminel – Un demi-million d’Arméniens vivaient sur ces terres prétendument azéries en 1989 – il lui sera difficile de parvenir en Artsakh aux « résultats » obtenus au Nakhitchevan.

Les initiatives comme celles de « Caucasus Heritage watch » sont de formidables armes pour combattre le négationnisme et le révisionnisme turco-azéri. 

La réaction hystérique de Bakou à travers le communiqué en date du 27 octobre dernier de la prétendue « Communauté de l’Azerbaïdjan occidental » est le signe que nous appuyons où cela fait mal. On pouvait lire dans ce communiqué la phrase suivante : « Les déclarations ridicules des responsables français à propos de l’Azerbaïdjan ne surprennent plus personne. Cette fois, c’est la ministre française de la Culture qui a pris le relais. La ministre française a déclaré que son pays avait photographié le patrimoine culturel arménien du Karabagh par satellite et créé une base de données de photos satellite ».

Ses auteurs y attaquent en même temps « CHW » et la ministre française de la Culture qui cite cette initiative.

Alors, soyons nombreux à appuyer fort et sans relâche.

Soutenons « Caucasus Heritage watch »:  

https://crowdfunding.cornell.edu/project/39763

Sahak Sukiasyan