MARSEILLE – L’inauguration du buste de Soghomon Tehlirian

Le 15 mars a été inaugurée la statue rendant hommage à l’héritage de Soghomon Tehlirian, sur la place où se situe l’église apostolique arménienne St. Grégoire l’Illuminateur de Beaumont dans le 12e arrondissement de Marseille, où résident de nombreuses familles arméniennes, des descendants des rescapés du génocide de 1915.

La cérémonie solennelle de l’inauguration, qui était placée sous le haut patronage de Martine Vassal, présidente du Département des Bouches-du-Rhône et de la Métropole Aix-Marseille-Provence, a réuni des parlementaires et autres élus, des ecclésiastiques, les élèves de l’école Hamaskaïne de Marseille, venus en grand nombre, déployant les drapeaux de l’Arménie et d’Artsakh, et une foule de plusieurs centaines de personnes.

Parmi les personnalités présentes, citons Sylvain Souvestre, maire des 11e et 12e arrondissements,  la sénatrice Valerie Boyer, le député Didier Parakian – qui représentait Martine Vassal –, Ara Mkrtchian, le consul principal d’Arménie à Marseille, ainsi que le co-président du CCAF, Mourad Papazian, les co-présidents du CCAF Sud, Aurore Bruna, Julien Harounian et Azad Balalas…

La cérémonie a débuté par le discours de bienvenue, que le diacre Robert Der Parseghian a prononcé au nom du président du Conseil paroissial de l’église arménienne de Beaumont, Gilbert Derderian et du révérend père Archène Movsesian.

 

Ensuite, sous l’autorité du Très Révérend Père Krikor Khatchatryan, Primat de l’Eglise apostolique arménienne de France, le diacre Robert der Parseghian a lu quelques textes bibliques en la mémoire de Soghomon Tehlirian.

La cérémonie s’est poursuivie avec les traditionnelles prises de parole.

Et pour rendre à César ce qui est à César, notons que cette émouvante cérémonie pleine de symboles était le fruit du travail de Sylvain Souvestre, maire du 11e-12e arrondissement de Marseille, de Philippe Khozian, son premier adjoint, et de Ohan Hekimian, chevalier de l’Ordre de Saint-Lazare.

L’auteur du buste est Raffi Toumanian, un maître sculpteur émigré d’Arménie en France dans les années 2000. Le monument, qui aura nécessité 60 jours de travail, est constitué d’une pierre blanche connue sous le nom de pierre de Lens, rappelant le marbre. Il pèse environ 900 kg.

Ce buste érigé en hommage à la mémoire de Soghomon Tehlirian, est la preuve évidente qu’au-delà du monument, le grand justicier est dans la mémoire vive des Arméniens et qu’il vivra à jamais dans leur cœur comme tous les autres héros de la nation

Soghomon Tehlirian

Tehlirian est né le 2 avril 1897 près de la ville d’Erzincan (Empire ottoman) et décédé le 23 mai 1960 à San Francisco (Californie, États-Unis), est un survivant du génocide arménien. Dans le cadre de l’opération Némésis de vengeance du génocide arménien, il tue Talaat Pacha à Berlin en 1921. Le procès est l’occasion pour la communauté internationale de se pencher sur l’impunité des responsables du génocide et Tehlirian est finalement acquitté.

L’opération Némésis, organisée par la FRA Dachnaktsoutioun, a pour objet d’exécuter les condamnations à mort des tribunaux du génocide lorsque ceux-ci les ont prononcées par contumace.

Le 15 mars 1921, Soghomon Tehlirian tue Talaat Pacha d’une balle de révolver, à Berlin, en plein jour et en présence de nombreux témoins. Cet assassinat est une vengeance contre Talaat Pacha, le principal organisateur du génocide arménien à qui est attribué l’ordre de « tuer tous les hommes, femmes et enfants arméniens sans exception ». En effet, ministre de l’Intérieur, puis grand vizir de l’Empire ottoman durant le génocide arménien, Talaat Pacha s’était installé à Berlin après avoir fui la Turquie au moment de la chute du régime Jeune-Turc.

Soghomon Tehlirian est jugé peu de temps après, les 2 et 3 juin 1921, par le tribunal de première instance de Berlin. Jugé pour assassinat et défendu par trois avocats de la défense – dont Theodor Niemeyer, professeur de droit à l’Université de Kiel –, il est finalement acquitté. Outre l’assassinat de Talaat Pacha, le tribunal est conduit à réfléchir au rôle de ce dernier dans le génocide arménien.

À ce propos, les avocats de la défense n’ont pas tenté de nier le fait que Tehlirian est l’auteur du coup de feu mortel, mais se sont au contraire concentrés sur l’analyse de l’influence supposée du génocide sur l’état mental de Tehlirian. Lors du procès, certaines pièces des documents Andonian sont présentées au tribunal et participent à démontrer le lien entre le mouvement Jeunes-Turcs, dont Talaat Pacha, et la perpétration du génocide.

Après moins d’une heure de délibération, Tehlirian est acquitté. Le procès est retentissant et son issue est interprétée comme une condamnation morale des responsables du génocide arménien.

 

Éditorial