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Nouvelles expériences d’arménité

Loin des approches traditionnelles, partisanes, religieuses, patriotiques, politiques, et de l’esprit de propagande; loin  des oppositions auto-centrées Arménie ou Diaspora, au-delà des discours et des théories, les relations Arménie-Diaspora ont besoin d’une bouffée d’air frais, de contact direct, de voyages, de rencontres surprises, d’instants inattendus, de folies créatrices, d’aventures qui correspondent aux conditions des relations internationales à l’ère de la mondialisation. Les relations sociales se métamorphosent avec le temps. Les plateformes en ligne envahissent le domaine des relations humaines. Quel est le contrepoids ? Le contact vif ?

L’expérience de l’arménité, en général limité en Europe, s’appauvrit encore davantage à l’ère numérique. Les opportunités pour la nouvelle génération de faire l’expérience profonde de l’arménité sont comptées : danse, musique, cours de langue, commémoration… Ceux qui maîtrisent la langue arménienne ont de la chance. Rares sont ceux qui ont bénéficié des avantages d’un environnement scolaire arménien. Les structures traditionnelles ont besoin de contenus nouveaux. Elles sont souvent dépourvues de moyens pour innover. Les églises souffrent d’un manque de croyants. Les maisons culturelles d’adhérents.

L’initiative « Engage Armenia » propose de créer des opportunités pour les Arméniens de la diaspora de vivre une nouvelle expérience arménienne en Arménie. Parrainée par la Fondation familiale Hrayr Hovnanian une dizaine d’organisations non-gouvernementales ont fait une tournée, du 6 au 13 mars, dans cinq pays d’Europe occidentale pour présenter leurs projets au public euro-arménien afin d’encourager l’auditoire à s’engager en tant que volontaire, à porter un projet personnel social, économique ou artistique afin d’enrichir son expérience. Pratiquement tous les responsables d’organisations participant à la tournée ont été, à leur tour, porteurs de projets innovants. Ils ont été soutenus afin de mettre en œuvre leurs projets.

Le titre « Engage Armenia » en lui-même est presque intraduisible en arménien. C’est s’engager pour l’Arménie. Adopter une nouvelle approche vis-à-vis de l’Arménie. Un titre anglais pour une initiative visant à promouvoir l’expérience arménienne paraît bizarre : l’anglais comme langue de communication pour vivre l’expérience arménienne. Naturellement, en Grande-Bretagne, au Pays-Bas, voire en Suisse et en Belgique, l’anglais passe encore. Mais pour la France, le français convient mieux. Mais pourquoi pas l’arménien ? Voici donc un handicap majeur. Quelle langue utiliser en diaspora, dans quelle langue communiquer ? Quelle langue utiliserait un Arménien de la diaspora pour communiquer avec un autre diasporique d’un autre pays ? Naturellement, le plus simple serait : l’arménien. Et quand une partie du public ne parle pas arménien ?
On peut toujours traduire. Bien sûr. En effet, l’une des difficultés essentielles des relations Diaspora-Arménie est la langue. Cependant, le handicap du langage peut se transformer en défi pour apprendre la langue.

La plus grande nouveauté de « Engage Armenia » est la démarche entreprise par les organisations d’aller à la rencontre des Arméniens des pays de l’Europe occidentale. Il fallait le penser, oser aller à la rencontre des Arméniens et ne pas attendre qu’ils viennent vous trouver. Ensuite, organiser des initiatives qui valorisent les individus, l’expérience individuelle, et aider matériellement, donner l’occasion pour que chacun fraye son chemin personnel et vive son arménité. Comme le dit Hagop Baronian :
« Si la montagne ne vient pas vers le prophète, le prophète va vers la montagne ».

Chacune des organisations participante à l’initiative d’« Engage Armenia » propose de vivre une expérience arménienne. Aucun endoctrinement idéologique, religieux, ni obligation de prouver son origine arménienne. L’une des organisations les plus importantes est «Tebi Hayk», connue sous le nom de «Birthright Armenia», crée des opportunités de travail bénévole en Arménie pour les jeunes de la diaspora arménienne, en prenant en charge les frais de voyage, le logement pour une durée maximale d’un an.

À l’instar de Tebi Hayk, AVC, RepatArmenia, reArmenia, Impact Hub, Optimize, Teach for Armenia offrent des opportunités différentes et chaque offre est une invitation qui enrichit l’expérience. Aucune contrainte. Comme le dit Levon Chant dans « Les Dieux anciens »
à travers les paroles de l’abbé, « Chacun doit frayer son propre chemin ». Chacun son expérience et cela n’empêche pas qu’on aide son prochain. Le soutien financier et l’aide à la recherche de financement des projets sont des vecteurs de réussite souvent négligés.

J. Tch.