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Relations Arménie-Diaspora

Les diasporas sont des communautés transnationales dont l’importance stratégique est indéniable. La diaspora arménienne qui s’est construite au cours des siècles présente une configuration complexe et des caractéristiques diverses. Les menaces actuelles contre l’État arménien suscitant le désir d’exode d’une partie de la population, provoque l’accroissement de la diaspora. Les communautés diasporiques peuvent cependant apporter à l’Arménie un avantage stratégique. Comment profiter des opportunités ?

 Les 14 et 15 mars, Paris a accueilli la conférence internationale « Diaspora(s) arménienne(s) en mouvement », à laquelle ont participé plus de trois douzaines d’universitaires. Une conférence similaire avait été organisée en 2019 : « Diaspora and Stateless Power » à Los Angeles. Les lieux sont importants : des conférences internationales sur la diaspora arménienne à Paris et à Los Angeles, mais pas à Erevan. La participation des universitaires et scientifiques d’Arménie à la conférence de Paris était limitée : trois personnes. Un dixième des participants.

Cette conférence a également fait apparaître un autre phénomène. L’absence des scientifiques de l’importante diaspora arménienne de la Fédération de Russie. La guerre russo-ukrainienne peut en être la raison, ce qui démontre l’état de complexité de la diaspora arménienne.

Il existe, en Arménie, au moins deux centres scientifiques consacrés à la diaspora, mais ils n’ont cependant guère suscité beaucoup d’intérêt de la part de l’État. Le Haut commissariat de la Diaspora planifie de son côté, la politique de l’État en direction des diasporas. Dans le passé, le ministère de la Diaspora, créé sous le gouvernement de Serge Sarkisian, a publié des monographies consacrées à un certain nombre de communautés de la diaspora. Cependant, les Diasporas en mouvement, comme l’indique le titre du colloque de Paris, ont besoin d’études et de réflexions permanentes.

Les deux conférences ont également montré l’indifférence des institutions de la diaspora pour les études scientifiques modernes sur la situation de la diaspora : église, partis, institutions caritatives… De même, elles ont montré l’indifférence des organisations communautaires locales, comme le Conseil de coordination des organisations arméniennes de France (CCAF)…

Les relations entre l’Arménie et la diaspora constituent l’un des plus grands malentendus depuis l’indépendance de l’Arménie. L’effondrement de l’ordre soviétique a offert de nouvelles opportunités d’interaction entre l’Arménie et la Diaspora en supprimant les restrictions idéologiques et administratives en vigueur. Cependant, comme l’ont montré les événements ultérieurs, ni l’Arménie ni la Diaspora n’ont pleinement bénéficié de cette libéralisation. Et le dialogue entre l’État arménien et la Diaspora est devenu impossible et a eu l’effet inverse : les structures diasporiques se sont précipitées en Arménie, certaines porteuses d’aide humanitaire et d’autres cherchant à occuper l’arène politique, alors que la classe politique arménienne, issue de la vieille garde soviétique, s’appliquait à piller le pays. Et la population d’Arménie a commencé à migrer en masse, rejoignant les rangs de la diaspora traditionnelle et plus encore, créant de nouvelles communautés dans des pays où la diaspora traditionnelle n’était pas représentée.

La diaspora est généralement considérée comme une « vache à lait » par l’Arménie. Cette dernière a organisé de nombreux congrès Arménie-Diaspora, mais elle l’a fait dans un but de propagande. Les organisateurs étaient satisfaits, mais cela n’a d’aucune façon amélioré les relations bilatérales, ce qui aurait nécessité une compréhension profonde de la Diaspora.

La conférence de Paris et des réunions similaires sont des occasions en or pour réfléchir et passer en revue ce domaine complexe et d’importance stratégique.

J. Tch.