L’impératif de développer les relations économiques

Les rapports entre la France et l’Arménie sont au beau fixe : panthéonisation de Manouchian, 100e anniversaire d’Aznavour, jeux sportifs et culturels de la francophonie à Erevan en 2027, coopération politique et militaire avec l’Arménie… La France est le seul pays qui défend vaillamment les intérêts de l’Arménie sur la scène internationale. Il faut rendre hommage aux journalistes du « Figaro », qui maintiennent en permanence le sujet de la défense de l’Arménie à l’ordre du jour.

L’amitié des deux pays a également trouvé son expression lors du dîner du CCAF le 20 mars, au cours duquel le Premier ministre Gabriel Attal a exprimé le soutien et l’assistance de la France à la souveraineté de l’Arménie, au renforcement de ses capacités d’autodéfense. Il a exigé le retrait des troupes de l’Azerbaïdjan des territoires souverains d’Arménie, accusant au passage la Russie de complicité du nettoyage ethnique qu’a mené l’Azerbaïdjan contre la population l’Artsakh. Il a condamné les mesures punitives que la Russie a mis en œuvre pour condamner les choix de l’Arménie en ce qui concerne la voie de la démocratie et l’Etat de droit.

L’alliance politique de la France  avec l’Arménie réveille l’intolérance et l’hostilité de l’Azerbaïdjan et de la Russie en particulier. L’hostilité de l’Azerbaïdjan n’est pas à démontrer. Mais la position de la Russie nécessite une lecture plus approfondie. Elle sert les intérêts de l’Azerbaïdjan, au détriment de ceux de l’Arménie, tout en faisant semblant d’être son allié. Et le plus grand danger est qu’elle possède une grande capacité de lui nuire. D’ailleurs, les experts ont constaté ces derniers temps, une augmentation du nombre d’attaques armées, d’assassinats mafieux, de démonstration de force, d’accidents mortels. Et dire qu’avant la guerre de 44 jours par la majorité de la population d’Arménie et d’Artsakh, la Russie était considérée comme le défenseur centenaire infaillible du peuple arménien.

Aliev continue de menacer l’intégrité territoriale de l’Arménie contrairement à ses engagements de « ne pas recourir à la force » annoncés lors des réunions avec les partenaires occidentaux. La dernière en date est la demande de restitution immédiate des quatre villages de Tavush. Étonnamment, seule la France condamne avec audace Aliev. Et la Russie reste muette face aux déclarations menaçantes de celui-ci et accuse le gouvernement arménien pour sa recherche de nouveaux partenaires stratégiques comme les pays occidentaux pour demander de l’aide. En revanche, les appels continuels des dirigeants arméniens à la Russie et à l’OTSC à condamner les attaques d’Aliev restent sans réponse.

Les relations amicales et stratégiques entre la France et l’Arménie manquent de programmes économiques sérieux. La France a initié deux grands rendez-vous économiques l’un en mars 2022, le Forum Ambition France-Arménie au ministère des Affaires étrangères, et le deuxième en février 2023, le sommet économique France-Arménie organisé par la CCI IDF et la CCI France-Arménie. Le groupe d’Amitié France-Arménie, aussi, a pour sa part organisé à l’Assemblée nationale le 12 mars, une réunion de travail qui avait pour thème : Développement des coopérations économiques entre la France et l’Arménie. Toutefois, la France reste 11e partenaire économique de l’Arménie. La communauté franco-arménienne pourrait jouer un rôle important dans ce domaine. La présence de cinq ministres et de nombreux élus au dîner du CCAF suffit à prouver le soutien politique des dirigeants français à l’Arménie. Cependant, l’aspect économique laisse à désirer. La croissance économique et les politiques d’investissements constituent la plus grande garantie de l’indépendance de l’Arménie. L’Azerbaïdjan doit sa force à la manne pétrolière, à son pouvoir économique. 

Les dirigeants de la communauté arménienne ne sont pas sur la même longueur d’onde que celle des élus français. L’attitude de la classe politique française est franche et déterminée, quant à leur soutien, il est sans faille à l’Arménie. Celle des dirigeants arméniens, notamment des coprésidents du CCAF est plus calculée, voire hostile comme celle de Mourad Papazian, qui ne s’en cache pas. Comme cela a été le cas, lors du dîner offert par le président Macron en l’honneur du Premier ministre arménien, ils sont encore loin d’un soutien total et inconditionnel à l’Etat arménien.

J. Tch. 

Éditorial